Inflation élevée et menace d’effondrement économique – qu’est-ce qui ne va pas dans ce pays ?
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Investing.com – Les données économiques semblent être un moyen simple de se faire une idée de l’état d’un pays. Mais elles comportent aussi le risque de tirer des conclusions hâtives, car les chiffres ont tendance à donner une image trompeuse. Il suffit de regarder les détails actuels pour se rendre compte que l’économie est loin d’être aussi florissante qu’il n’y paraît.
Les chiffres sur l’emploi hors agriculture ne donnent apparemment aucune raison de s’inquiéter si l’on ne tient pas compte du fait qu’ils ne font que refléter le nombre d’emplois et non celui des personnes effectivement actives. Cela permet de masquer le fait que les résultats positifs sont dus au fait que de plus en plus de personnes sont obligées d’avoir plusieurs emplois.
Il en va de même pour les commandes de biens de consommation durables. Le bon résultat ne laisse pas présager que les commandes de base continuent à baisser et que les gains proviennent en grande partie du secteur de l’armement, comme le constate l’expert économique Daniel Lacalle.
Ainsi, contrairement à l’image officielle d’une économie robuste, il apparaît déjà que les choses vont mal. En soi, ce n’est pas une mauvaise chose, car la banque centrale a l’intention, avec les intérêts élevés, de refroidir l’économie afin de faire baisser le l’inflation.
Lacalle fait toutefois remarquer que c’est la politique du gouvernement américain qui fait que l’objectif d’inflation de la Fed de 2 pour cent est inatteignable.
L’inflation, que l’on croyait désormais sous contrôle, a également été alimentée par les cadeaux monétaires faits à chaque ménage américain dans le cadre de la pandémie Corona. Mais alors que beaucoup pensaient au départ que ces somptueux cadeaux financiers étaient une bénédiction, ils se sont révélés être un boomerang.
Lacalle se réfère à une étude de Bloomberg Economics, selon laquelle les 40 pour cent des ménages les plus modestes disposent aujourd’hui de 1200 dollars de liquidités en moins qu’avant la pandémie, en raison de l’inflation.
Le gouvernement Biden a également déjà commis plusieurs erreurs dévastatrices, comme le constate Lacalle. Les plans de relance financés par de nouvelles dettes de plusieurs milliards ont pour objectif de stimuler la demande. C’est une bonne idée en soi. Mais si l’on stimule la demande sur un marché en plein emploi qui produit déjà à la limite de ses capacités, cela ne crée pas plus d’emplois, mais fait simplement grimper les prix.
Selon Lacalle, la soi-disant loi sur la réduction de l’inflation d’un montant de 500 milliards de dollars ne mérite pas son appellation, car elle a exactement l’effet inverse. Les investissements promis ici dans les énergies renouvelables soutiennent un secteur qui a le moins besoin de soutien, puisqu’il tourne déjà à plein régime. L’économie accepte bien sûr volontiers ces généreux cadeaux financiers. Mais cela ne permettra pas de construire davantage d’éoliennes ou de parcs solaires. Le capital frais est simplement absorbé par des prix plus élevés.
Ce n’est qu’un exemple des différents plans de relance qui ont été mis en place et qui alimentent l’inflation. L’hypothèse optimiste du gouvernement est en revanche qu’il en résultera une croissance économique moyenne de 2 pour cent par an jusqu’en 2032.
Si cela est incertain, il est toutefois certain qu’au cours de cette période, le déficit budgétaire annuel passera de 1,1 billion de dollars en 2023 à 2,01 billions de dollars en 2032. Cela signifie que la dette augmentera de 15,46 billions de dollars au cours des neuf prochaines années, soit une nouvelle hausse de près de 50 pour cent.
Lacalle constate que les mesures de la Fed et du gouvernement américain ont en fin de compte des effets totalement opposés sur l’économie. Alors que l’un crée des milliers de milliards de dollars de dettes pour les injecter dans l’économie, ce qui fait grimper l’inflation, l’autre tente de la faire baisser en augmentant les taux d’intérêt.
Et si cette expérience tourne mal – ce qui semble être le cas – les taux d’intérêt continueront à augmenter et provoqueront une véritable récession. Et comment se présente alors le sauvetage ? Une baisse des taux d’intérêt et de nouveaux programmes de relance basés sur la dette, faisant de l’inflation le nouveau cheval de bataille.
Bloomberg Economics parvient à une conclusion similaire :
“Si ces programmes réussissent, les avantages ne se feront sentir qu’à long terme – les résultats souhaités, comme une moindre dépendance vis-à-vis de la Chine et des émissions de carbone plus faibles, ne se traduiront pas directement dans les données du PIB. Cependant, à court terme, nous pensons que les inconvénients, sous la forme d’une inflation plus élevée et de risques de récession, peuvent compenser les avantages et même les dépasser. Même si nous partons d’un point de vue bienveillant sur les effets multiplicateurs, il en résulte que ces mesures augmentent le risque de récession en durcissant artificiellement un marché du travail déjà fort et en augmentant la pression sur les chaînes d’approvisionnement”.